revue de presse

Publié le par association minuscule


Paludes 465 - L'Arrache-Coeur 245

Nikola Delescluse présente les quatre miniatures de 2007 sur Radio Paludes le vendredi 23 novembre 2007. Emission écoutable et téléchargeable sur leur site (ou ici).





We found him translating

Est-il encore besoin de présenter Claro ? Certainement pas, répondront en c(h)œur 7 fêlés lecteurs nains dont on connaît les pseudonoms.

Qui ça ? révèle un rapide micro trottoir – qui n’est pas une mince bande de goudron se mouvant à vive allure sous les pas pressés des passants peu assurés par ce mouvement équilibriste (comprend qui peut).

Oui, « Qui ça ? » revient souvent, obligeant, après un soupir las, un soupir « aïe ! » à préciser que.

La lueur de compréhension ne scintillera au fond de l’œil du questionné qu’à l’énoncé de la formule quasi magique deux points ouvrez les guillemets le traducteur de Rushdie virgule entre autres points de suspension fermez les guillemets.

Rushdie, ils connaissent, fatwa ce qu’il faut. Son traducteur… Ils n’ont fait qu’effleurer son nom – ceux qui lisent du moins faute de plus – sans le retenir. Donc : on ne le présentera pas, tant pis pour eux – qui ne liront d’ailleurs ni ces lignes ni ses lignes.

Le dernier Qui Ça, Claro, est sorti. Miniaturisé, bien emballé, minuscule opuscule intitulé « vers la grâce », minuscule mais qui fait le maximum, en une trentaine de pages.

Qu’en dire sans vouloir paraitre de parti pris – on nous l’a déjà balancé à la tête, on a esquivé, les chiens ont aboyé, la caravane est passée – ni pondre une ode à la joie qui nous appelle etc ?

vers la grâce : autobiographie ? oui et non…

vers la grâce : autobiographomanie ? non et oui…

vers la grâce : autoportrait d’un Jean Gabin dans la bête humaine qu’est le train traductant ? c’est mieux – mais obscur.

vers la grâce : fragments absorbés par un vortex numérique, régurgités in extremis par une patrouille d’internautes remerciés et maudits ? Pas faux : voir l’avertissement de l’auteur.

vers la grâce (si après ça vous ne retenez pas le titre…) : quelques briques jaunes de la route à contre jour conduisant Against the Day, de Thomas Pynchon, pas à pas jusqu’à nous, furieux lecteurs qui attendons septembre 2008 que Claro nous fasse la grâce de l’offrir à nos yeux hexagonaux nicolaïsés. L’enfer est pavé de bonnes intentions ? Traduire Pynchon aussi. On le comprend une fois refermées ces trente pages jubilatoires. Notamment la phrase de Claro, lue ailleurs : « Lire Pynchon, c’est réapprendre à lire.» Le bougre sait de quoi il parle, les quelques textes de « vers la grâce » le prouvent : autant d’indices, de façons de nous faire toucher du doigt les aspérités pynchoniennes, dont le traductant ne fait pas, ne doit pas faire table rase. Juste en laisser certaines sur le bas-côté afin d’y revenir. Plus tard. Ne serait-ce, par exemple, que pour mieux se colleter avec un contre-jour crépusculaire récalcitrant.

vers la grâce : « Clair que pour les néophytes légèrement anglophiles, ce genre de papier est un régal... On touche du doigt la passion de la traduction. » (ainsi que l’a très fort à propos commenté le pourpre moolz par ici ).

vers la grâce : précieux petit abrégé de traduction à l’usage de ceux dont l’œil ne lit pas mais élime. Visite commentée en terre éblouissante de la phrase pynchonienne : Claro fournit les verres solaires.

On n’omettra pas de rendre grâce au guide.

Au centuple.

En s’essayant à lire Pynchon en VO… par exemple.


- G@rp sur son blog L'esc@rgot G@rpien, 2 novembre 2007.




De la minuscule à la majuscule


Initiative fragile et téméraire qu'entreprend la jeune association minuscule en publiant des textes courts et exigeants, y agrège une dimension plastique et l'élaboration d'une revue littéraire.

Au slogan small is beautiful, l'association minuscule préfère one size fits all ! Connu des amateurs de Frank Zappa, ce taille unique donnait en 1975, son titre au 20ème album du guitariste satirique. Sur la pochette, Zappa fit refaire la carte du ciel par Cal Schenkel et son équipe de graphistes. On y trouve entre autres, les constellations de la grenouille, de la baleine, de la Buick, du tyrannosaure...
D'essence littéraire, l'association minuscule se pique de musiques, et partage avec l'impétueux Zappa une appétence pour l'astronomie. Cette modeste appellation masque de solides et profonds liens d'amitié unissant Antonio Werli aux deux Julien Frantz et Schuh. Ils se sont rencontrés au lycée et depuis ont cheminé à leur façon en lettres. (...) Dans leur panthéon, Flaubert, Kafka, Borges trônent en références incontournables, rejoints par Jarry, Roussel, les surréalistes, Volodine, le chilien Bolaño.
Un cercle d'initiés qui pourrait tourner en rond s'il n'était question d'aimanter un réseau constellé. (...) ces jeunes gens refusent d'enterrer le livre et de se soumettre aux seuls diktats de la dématérialisation du savoir. Sans se soucier de l'échelle - car comme ils aiment à dire, dans un miroir l'association est minuscule, dans un prisme cyclopéenne -, ils viennent d'éditer deux textes inaugurant la collection miniatures.
Ce sont des livres soignés hors gabarit (petit format 98mm x 146mm, quarante pages), au plus près de leurs souhaits, maintenant un équilibre entre texte, papier et façonnage. Retour à la manufacture artisanale, au tirage confidentiel (150 exemplaires, 3 euros), aux écritures en lisière de l'écrasante production. Ainsi, Mystes de Julien Schuh développe des cosmogonies de peuples imaginaires, invente pour l'occasion le genre du myste - entre la rigueur du mythe et le goût de la mystification - et pérégrine au coeur de civilisations perdues.
Dans Tchelovek ou rien, Julien Frantz convoque Kafka, Calvino au chevet de ses trois nouvelles qui s'interrogent sur la dangerosité des univers parallèles. "Le lecteur qui s'apprête à découvrir ce texte risque de se blesser s'il n'y prend pas garde. Je le conjure de prendre mon avertissement au sérieux", prévient Frantz. Cette collection des miniatures va progresser à raison de quatre parutions annuelles, encourageant, tout en privilégiant la fiction, "l'hybridation des genres et registres et l'épanouissement de voix singulières".
Animée par une vingtaine de membres (...), l'association planche sur le projet d'une revue littéraire (...) qui verra le jour au printemps 2008, (...) s'articulera autour d'un dossier principal dédié à Thomas Pynchon. Un carnet de critiques, de libres créations littéraires et/ou graphiques étoffera la soixantaine de pages prévues au rythme trimestriel.
On sait les difficultés d'une telle entreprise d'autant que beaucoup d'entre elles amoindries, se sont repliées sur la toile. L'association minuscule se veut confiante et, selon la formule de Roger Caillois, tente d'introduire un peu de jeu dans l'immense engrenage. "Un minuscule grain de sable dans les rouages pharaoniques du temps. Si le grain de bloque pas quelques pièces de la machinerie, nous espérons qu'il en érode quelques autres", escompte Antonio Werli.

- Veneranda Paladino

(extrait de DNA Reflets, N°157 du 9 juin au vendredi 15 juin 2007, avec leur aimable autorisation)

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